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BANI KONO
BANI KONO
 

Reboisement

Constat

C'est en parcourant la région de Kayes et Yélimané dans le cadre d'autres programmes que quelques participants de cette aventure avaient remarqué le village de Yarka. Il est situé dans un secteur aride, à quelques kilomètres de la Mauritanie, et inclus dans une vaste zone géographique constituant le Sahel. La végétation dite de type sahélienne et sahélo-soudanienne, constituée d’une savane parsemée d'arbres, est adaptée aux conditions climatiques, mais se fragilise notamment par les activités humaines. Le prélèvement de bois pour la construction, les clôtures, la cuisine ou encore l'artisanat entraine une régression des arbres. Ceux-ci ne sont généralement pas remplacés, et la régénération naturelle est fortement perturbée par les animaux domestiques et les fréquents feux de brousse. La disparition progressive de la végétation permet l'érosion du sol fertile et la désertification menace.

Bien souvent assez démunies et surtout interpellées par des préoccupations qui leur paraissent plus importantes, les populations locales ont souvent délaissé le problème de la déforestation. C’est pourquoi ce petit projet de plantation soutenu par une association étrangère était le bienvenu. Quelques centaines d'arbres ont été plantés l'été 2008, à la faveur de la saison des pluies. Une autre centaine de plants a été mise en terre durant le séjour de la délégation, avec la participation des enfants de l’école et celle des autorités et des personnalités locales. D'autres arbres seront encore installés dans le courant de l’été prochain, après les premières pluies.

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Un gros travail de sensibilisation.

La visite du village par la délégation n'a pas été vaine. En effet, bien que le relais sur place soit assuré par une association locale partenaire et des personnes motivées, il y a un travail de sensibilisation important à entreprendre pour que la survie et le développement des arbres soient garantis. La réussite de l'opération nécessite une implication totale de la population. La densité importante d'animaux domestiques du village impose une attention soutenue, car la divagation de quelques animaux durant la saison sèche, pendant laquelle la végétation manque, risquerait de compromettre les chances de reprise des jeunes arbres. Des protections individuelles ont été installées autour des arbres du village et une clôture a été posée autour des arbres plantés à l'école.

Quelques centaines d’arbres, cela peut paraître beaucoup pour un seul village. Pourtant c’est très peu en rapport de la tâche qui reste à accomplir. Le désert est un ennemi sournois mais puissant, contre lequel il faudrait lutter sur une plus grande échelle. Mais les interventions ponctuelles et localisées des associations et des personnes de bonnes volontés visent surtout à initier une prise de conscience collective des habitants et montrer qu’ils ne sont pas abandonnés à leur sort.

L'initiative de la plantation d'arbres a pu se concrétiser grâce au soutien financier de partenaires qui ont compris l'intérêt d'une telle action. Les autres personnes de la délégation se sont attachées à aider les villageois par rapport à d'autres domaines de compétence, tels que l'école et l'éducation, la santé, l'apiculture… Toute l'équipe est revenue enchantée de cette expérience très enrichissante pour tous.

Passage de relais.

L'opération menée au Mali par notre association en partenariat avec différents acteurs en 2008-2009 a donné satisfaction. Beaucoup de choses restent à faire et nous souhaitons poursuivre notre soutien aux villages maliens. Mais nos statuts ne permettent pas de nous diversifier dans les actions menées et nos « compétences reconnues » se limitent à l’environnement naturel et notamment à la végétation. Nous passons donc le relais à une nouvelle association pour élargir ce champ de compétences.

Passer le relais, car le succès de cette expérience encourage à y donner des suites. La délégation qui a participé au voyage de Janvier 2009 avait déjà une mission bien plus large que l’unique objectif de reboiser. L’éducation, la santé et bien d’autres sujets nous avaient aussi interpellés. L’association « Jardin Botanique du Val d’Yser » a porté le projet de plantations, avec tout ce que cela comprend (sensibilisation, protection des plants,…). Les autres projets ont été suivis individuellement par d’autres personnes.

Pour mieux structurer les projets futurs et tenir compte de tous les aspects de la vie des villageois africains, une nouvelle association a été créée. Elle a été dénommée « Bani Kono » (oiseau migrateur en Bambara) et a vu le jour en Juin 2009. Elle a été fondée par les participants et sympathisants des délégations précédentes.

Et ensuite

Aspect technique et pédagogique.

Août 2009, la pluie a déjà arrosé abondamment les champs et la savane. Les jeunes arbres ont bien profité également et pour eux la délicate étape de la première saison chaude est passée. On peut considérer que ceux qui sont en bonne santé à ce jour sont sauvés, au moins de la sécheresse. Reste le problème difficile des animaux qui divagueront à la prochaine saison sèche.

Les résultats concrets, en ce qui concerne les plantations, nous sont communiqués par M. Dadio Konaré, de l'ADR (Association d'Appui aux Actions de Développement Rural) et par des villageois que l'on contacte régulièrement. Selon eux, 90 % des plants installés aux abords de l'école ont repris. En moyenne, ils dépassent déjà un mètre alors qu'ils ne mesuraient que 30 à 40 centimètres lors de la plantation. Ce peuplement est essentiellement constitué de neems (Azadirachta indica). Les arbres plantés autour de la mosquée et sur la place du village ont moins bien réussi. Une partie a été endommagée par le bétail, mais les plants ont été remplacés. Le premier lot était constitué essentiellement de Cailcedrats (Khaya senegalensis). Ces arbres étaient protégés individuellement et les ruminants avaient la possibilité de circuler autour, alors qu'à l’école, un grillage a été installé autour de la parcelle. Sur d'autres sites ont été plantés aussi quelques flamboyants (Delonix regia) et acacias (Faidherbia albida). Dans l'ensemble, le résultat semble satisfaisant.

Lors de la visite de notre délégation à Yarka, nous avons consacré du temps au dialogue. Recueillir les témoignages et les préoccupations des villageois nous a semblé primordial. Bien que nous puissions nous appuyer sur quelques personnes motivées avec lesquelles de nombreux contacts avaient été pris depuis plusieurs années, il restait une partie de la population à sensibiliser, voire à convaincre du bien fondé de la plantation d'arbres pour lutter contre l'érosion. Des réunions ont été organisées pour toucher les représentants de toutes les catégories d'habitants et essayer de faire adhérer toute la population au projet. Il faut bien admettre que cela ne représente pas une priorité pour tous. La façon d'envisager l'avenir diffère selon des appréciations d'ordre culturel. Les villageois porteurs de projets ont, pour la plupart, séjourné en France ou en Europe et ont côtoyé d'autres modes de pensée. Il est important que tout le monde se sente impliqué, car quelques négligences, notamment en ce qui concerne la divagation des animaux domestiques, pourraient anéantir les efforts collectifs et décourager les acteurs.

Nous pensons que notre participation à cette opération a été bien perçue par les villageois, car elle répondait à un besoin. La plupart des villageois ressentent certainement le besoin de lutter contre la désertification et cela se perçoit surtout dans le témoignage des plus anciens qui, il y a quelques décennies seulement, ont bien connu ce secteur boisé et habité de grands animaux sauvages. Pourtant, devant les difficultés à satisfaire les besoins de première nécessité (adduction d'eau, alimentation des animaux domestiques, électrification…), ils pensent prioritaire de fournir des efforts pour faire face à celles-ci. Planter des arbres et leur fournir de l'eau, du temps et des moyens peut devenir un luxe qui peut paraître secondaire, voire superflu. Pour notre part, nous estimons qu'il est urgent de planter pour préserver le capital de fertilité du sol, fortement attaqué par une érosion importante, mais aussi pour fournir du bois à moyen et long terme. Actuellement, le bois est encore généralement prélevé dans la nature, espace collectif et impersonnel qui s'appauvrit tragiquement. Cela ne fait qu'accélérer le processus de désertification.

Comme précisé précédemment, les contacts avaient été établis avec un nombre restreint de personnes : migrants ou anciens migrants, personnes référentes sur place. Il a donc fallu soutenir leur démarche en expliquant et démontrant que la lutte contre l'érosion était une nécessité vitale, tout en acceptant que d'autres sujets étaient tout aussi prioritaires. Malheureusement, nous ne pouvions les mener tous en même temps.

Aspect relationnel et culturel.

Les relations avec les villageois de Yarka ont été extraordinaires, l'accueil formidable. Certaines personnes de la délégation ayant déjà séjourné à Yarka, voire accueilli des ressortissants et délégations de ce village chez nous en France, le contact en fut d'autant facilité. On se connaît par nos prénoms !

La fourniture d'arbres et l'apport de moyens techniques permettant d'assurer le maximum de chances de succès de leur culture n'ont pas été la seule opération menée à Yarka. Comme nous l'avons évoqué plus haut, d'autres compétences ont été apportées par les membres de la délégation. Parmi celles-ci, c'est certainement le volet scolaire qui domine. Des fournitures scolaires ont été offertes et le collège de Desvres entretient une correspondance avec l'école de Yarka. Des graines potagères ont aussi été apportées, notamment à l'intention de l'association des femmes qui gèrent cette activité. Des échanges et des découvertes ont été réalisés sur différents domaines : santé, culture et traditions, techniques…